RENOMMÉE DE L’AMOUR
L’amour dédicace à l’amour
Les jours sans pluie
Et comme il convient les beaux jours
Pour l’amour et ses préférences
Au renom du plus vieil amour
À la pluie du mot amour
Au seul amour sans regret sans bonheur sans retour
À l’avenir des fous
Aux fossoyeurs aux gais compagnons du bagne
Au poignant au brûlant souvenir du tatouage
À ma chère mort
À ceux qui doutent encore
Aux trésors des aveugles
Aux larmes
À l’eau au vent au feu à l’amour
À l’espoir de celui qui brise son amour
Au tourment de feu et de glace
Aux premiers événements qui signaleront la révolte et le sang
Aux draps des crimes passionnels
Aux beaux draps des suicides
À la crosse plus tendre que de raison du revolver
Aux départs qui soufflent jusqu’à l’air
Aux déchirants matins de celui que l’amour rejette
Au plomb des balles
Pour que ceux qui n’en sont pas touchés meurent
Comme des chiens empoisonnés
Aux douleurs de ceux qui s’éveillent
Aux nuits vides
À ma vie perdue
À la perte sans regret sans retour sans bonheur de la vie
Pour que ceux qui aiment et croupissent dans leur bonheur
Se lèvent et jettent les premières malédictions
À l’ouragan
Aux mains plus tristes que tout
Pour mieux effacer mon nom
Pour secouer la poussière et retomber en poussière
Pour maudire les instants soi-disant heureux
Pour le réveille-matin chargé de poudre
Aux statues nues de la nuit
Au marbre perdu
Pour avoir un lit de marbre
Pour ne pas avoir de tombeau
Aux signes de feu du poignard
Aux seuls aux uniques souvenirs sexuels
À la bouche de pierre de l’amour
Au froid de l’eau la nuit
Pour ne plus recommencer
Au plus tendre amour.
César MORO.
Le surréalisme au service de la révolution 5 (1933): 38.
Axé.